ISSS: In memoriam: Jacqueline Chénieux-Gendron (Eng/Fr/Es)


In memoriam: Jacqueline Chénieux-Gendron

On September 1, 2022, the ISSS lost a cherished friend, dedicated mentor, and ardent supporter when Jacqueline Chénieux-Gendron died after living with cancer for many years.

Jacqueline Chénieux-Gendron was a generational thinker. One of the leading scholars and promoters of research in surrealist poetry, discourse, art, and thought, she was truly a grande dame du surréalisme. As a member of the Centre national de la recherche scientifique (CNRS), she was affiliated with the Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL) at the École des Hautes Études en Sciences Sociales in Paris. As a CNRS researcher, she founded and edited the journal Pleine Marge (1985-2009), which brought together scholars and practitioners of surrealism from around the world, publishing important scholarship alongside original and previously unpublished material. Her dedication to surrealism as an ethos, as much as a field of inquiry, stemmed from her adventurous mind and profound critique of established ways of thinking, including the habits and behaviors of contemporary scholarship, even her own. She pursued the rigors of scholarly research and intellectual engagement with a manifest pleasure and a wicked sense of play (often expressed with a twinkle in her eye and words such as “il faut s’amuser”). This playfulness extended from her understanding of surrealism as “the persistence of an essentially participatory way of thinking,” as she put it. This ethos of participation underscores her discovery and defense of marginalized writers and artists in the history of surrealism, especially women writers (such as Leonora Carrington, whose postwar writing she introduced to French readers). Her participatory understanding of surrealism also describes Jacqueline’s intellectual generosity, particularly with younger scholars, independent artists, and international students and scholars who visited her in Paris, or who worked under her tutelage elsewhere. Jacqueline made lasting impressions on the intellectual lives and careers of teachers and scholars throughout the world; her influence on individual lives, on individual careers and minds, is no less powerful than her influence on the world of arts and letters.

Professor Chénieux-Gendron will be remembered, of course, for the brilliance and perspicacity of her extensive work as a scholar. In addition to her field-defining scholarly studies Surréalismes. L’Esprit et l’histoire (translated into five languages and republished in an expanded edition in 2014) and Inventer le réel. Le Surréalisme et le roman (published in a new, expanded edition in 2014), she edited the 2002 anthology of surrealist texts, Il y aura une fois. She was a leading member of the scientific advisory board of the Association Atelier André Breton and contributed to numerous major exhibitions of surrealist art and manuscript collections at the Centre Pompidou and the Bibliothèque Nationale de France, in addition to editing or co-editing numerous volumes exploring key topics in surrealist research, such as Du Surréalisme et du plaisir (1987); Jeu surréaliste et humour noir (1993); Lire le regard: André Breton et la peinture (1993); Violence, théorie, surréalisme (1994); Pensée mythique et surréalisme (1996), and Pensée de l’expérience, travail de l’expérimentation au sein des surréalismes et des avant-gardes… (2005). As a writer, editor, and thinker, Jacqueline was as indefatigable as she was brilliant, her eye ever attentive to the crystalline structures of concepts and genealogies.

Jacqueline’s curiosity for the unexpected was reflected in her friendships and conversations which, like her academic écriture, were expansive and persistent in their call to participation. Each interaction, each scholarly presentation, sparked the beginning of something new, initiating an exploration of the unknown territories of thought, of intellectual history, of surrealism. Through her openness of mind and graceful, generous presence she made it possible for the study of surrealism to expand in many directions, on account of the relations and interconnections she created.

Throughout the years, her apartment at 7, Boulevard Voltaire in Paris became a lieu de rencontre for researchers from all over the world, whom she invited to engage in conversations, exchange books, and talk about research projects, always with a sincere interest in hearing fresh thoughts and learning new perspectives. Now that she is no longer among us, many of us will think back to the last time they saw Jacqueline, the last email message they received from her, the last glance of curiosity they exchanged with her, or the last moment of amusement they shared with her. Such intimacies did not require some mysterious rite of passage, but were offered freely; even now, they remain available in her published words, where her voice still rings true. In memory of these moments, we celebrate the life of a dear friend who will forever remain among us as a thinker who never gave up fighting for the cause of surrealism.

On behalf of the ISSS we say goodbye to Jacqueline Chénieux-Gendron by upholding her legacy. She taught us that surrealism is far more than a field of study, but an ongoing interrogation driven by the pleasure of surprise, the abolition of exclusion and marginalization, and the search for new beginnings.

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In memoriam: Jacqueline Chénieux-Gendron

Le 1er septembre 2022, l’ISSS a perdu une amie chère, un mentor dévoué et une ardente partisane lorsque Jacqueline Chénieux-Gendron est décédée après avoir vécu avec un cancer pendant de nombreuses années.

Jacqueline Chénieux-Gendron était une penseuse générationnelle. Elle était l’une des principales chercheuses et défenseuses de la recherche sur la poésie, le discours, l’art et la pensée surréalistes, et était véritablement une grande dame du surréalisme. Membre du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), elle était affiliée au Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL) de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales à Paris. En tant que chercheuse au CNRS, elle a fondé et dirigé la revue Pleine Marge (1985-2009), qui a rassemblé des chercheurs et des praticiens du surréalisme du monde entier et fait paraître des travaux importants ainsi que des documents originaux et inédits. Son attachement au surréalisme en tant qu’éthique et champ de recherche découle de son esprit aventureux et de sa profonde critique des modes de pensée établies, ainsi que des habitudes et des comportements des chercheurs contemporains, y compris les siens. Elle poursuivait les rigueurs de la recherche et de l’engagement intellectuel avec un plaisir manifeste et un sens tenace du jeu (souvent exprimé par un clin d’œil et des mots comme « il faut s’amuser »). Cet esprit ludique émanait de sa compréhension du surréalisme en tant que « persistance d’une mode de pensée essentiellement participative », comme elle l’a dit. Cette éthique de la participation soutient aussi sa découverte et sa défense des écrivains et artistes marginalisés dans l’histoire du surréalisme, surtout les femmes écrivains (comme Leonora Carrington, dont elle a fait connaître les écrits d’après-guerre aux lecteurs français). Sa vision participative du surréalisme décrit également la générosité intellectuelle de Jacqueline, en particulier envers les jeunes chercheurs, les artistes indépendants, les étudiants et chercheurs internationaux qui lui rendaient visite à Paris, ou qui travaillaient sous sa tutelle ailleurs. Jacqueline a laissé une impression durable sur la vie intellectuelle et la carrière de professeurs et de chercheurs à travers le monde ; son influence sur des vies individuelles, sur des carrières et des esprits individuels, n’est pas moins puissante que son influence sur le monde des arts et des lettres.

La professeure Chénieux-Gendron restera dans notre mémoire, bien entendu, pour la génialité et la pertinence de son œuvre considérable. Outre ses études déterminantes pour le champ du surréalisme, Surréalismes. L’Esprit et l’histoire (traduite en cinq langues et rééditée dans une version augmentée en 2014) et Inventer le réel. Le Surréalisme et le roman (publiée dans une version remaniée et augmentée en 2014), elle a édité en 2002 l’anthologie de textes surréalistes, Il y aura une fois. Elle était une membre éminente du comité scientifique de l’Association Atelier André Breton et a contribué à de nombreuses expositions majeures sur l’art surréaliste et les collections de manuscrits au Centre Pompidou et à la Bibliothèque Nationale de France. Ella a également dirigé ou codirigé de nombreux volumes collectifs qui explorent des questions clefs de la recherche surréaliste, tels que Du Surréalisme et du plaisir (1987) ; Jeu surréaliste et humour noir (1993); Lire le regard: André Breton et la peinture (1993); Violence, théorie, surréalisme (1994); Pensée mythique et surréalisme (1996), et Pensée de l’expérience, travail de l’expérimentation au sein des surréalismes et des avant-gardes… (2005). En tant qu’autrice, éditrice, et penseuse, Jacqueline était aussi brillante qu’infatigable, son œil scintillant toujours attentif aux structures cristallines de concepts et de généalogies.

La curiosité de Jacqueline pour l’inattendu se reflétait dans ses amitiés et ses conversations qui, comme son écriture académique, étaient expansives et persistantes dans leur appel à la participation. Chaque interaction, chaque intervention, donnait lieu à quelque chose de nouveau, initiant une exploration de territoires inconnus de la pensée, de l’histoire intellectuelle, du surréalisme. Par son ouverture d’esprit et sa présence gracieuse et généreuse, elle a permis à l’étude du surréalisme de se développer dans de nombreuses directions, grâce aux relations et aux interconnexions qu’elle a créées.

Au fil des ans, son appartement du 7, boulevard Voltaire à Paris est devenu un lieu de rencontre pour les chercheurs du monde entier, qu’elle invitait à s’impliquer dans des conversations, à échanger des livres et à parler de projets de recherche, toujours avec un intérêt sincère pour les nouvelles idées et perspectives. Maintenant qu’elle n’est plus parmi nous, beaucoup d’entre nous se souviendront de la dernière fois qu’ils ont vu Jacqueline, du dernier message qu’ils ont reçu d’elle, du dernier regard de curiosité qu’ils ont échangé avec elle, ou du dernier moment d’amusement qu’ils ont partagé avec elle. De telles intimités n’ont pas nécessité un rite de passage mystérieux, mais ont été offertes librement ; aujourd’hui encore, elles restent disponibles dans ses publications, où sa voix continue de résonner. En souvenir de ces moments, nous célébrons la vie d’une amie chère qui restera parmi nous pour toujours comme une penseuse qui n’a jamais renoncé à lutter pour la cause du surréalisme.

Au nom de l’ISSS, nous disons au revoir à Jacqueline Chénieux-Gendron en préservant son héritage. Elle nous a appris que le surréalisme est beaucoup plus qu’un champ de recherche, mais une interrogation permanente guidée par le plaisir de la surprise, l’abolition de l’exclusion et de la marginalisation, et la quête de nouveaux départs.

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In memoriam: Jacqueline Chénieux-Gendron

El 1 de septiembre de 2022, la ISSS perdió a una amiga y colega muy querida y estimada, una mentora dedicada, partidaria y entusiasta cuando Jacqueline Chénieux-Gendron murió después de vivir con un cáncer durante muchos años.

Jacqueline Chénieux-Gendron fue una pensadora generacional. Como investigadora y promotora principal del estudio del surrealismo en los campos de la poesía, el discurso, el arte y el pensamiento, ella fue realmente una grande dame du surréalisme. Fue miembro del Centre national de la recherche scientifique (CNRS) afiliada al Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL) de la École des Hautes Études en Sciences Sociales de París. Como investigadora del CNRS, fundó y dirigió la revista Pleine Marge (1985-2009) que reunió a investigadores y practicantes del surrealismo de todo el mundo, para publicar trabajos académicos esenciales junto con material original e inédito. Su compromiso con el surrealismo como ethos, además de como campo de investigación, tenía su origen tanto en su mente aventurera como en su profunda crítica a las formas de pensamiento establecidas, como en los hábitos y comportamientos del mundo académico contemporáneo, hasta los suyos propios. Jacqueline perseguía el rigor de la investigación y el compromiso intelectual con un placer manifiesto y un sentido tenaz del juego (a menudo expresado con un brillo en sus ojos y palabras como “il faut s’amuser”). Esta postura lúdica es consecuencia de su comprensión del surrealismo como “la persistencia de una forma de pensar esencialmente participativa”, como ella misma afirmó. Este ethos de participación destaca su descubrimiento y defensa de artistas y escritores marginados en la historia del surrealismo, especialmente de las mujeres (por ejemplo, introdujo la obra de posguerra de Leonora Carrington a los lectores franceses). Su visión participativa del surrealismo también describe la generosidad intelectual de Jacqueline, especialmente con los académicos jóvenes, las artistas independientes y los estudiantes e investigadores internacionales que fueron a verla en París, o que trabajaban bajo su tutela en otros lugares. Jacqueline dejó huellas duraderas en las vidas y carreras intelectuales de profesores e investigadores de todo el mundo; su influencia en las vidas individuales, en las carreras y pensamientos individuales, no es menos poderosa que su influencia en el mundo de las artes y las letras.

La profesora Chénieux-Gendron será recordada, por supuesto, por su extensa obra académica tanto brillante como perspicaz. Entre los estudios que definen el campo figuran Surréalismes. L’Esprit et l’histoire (traducido a cinco idiomas y reeditado en una edición ampliada en 2014) e Inventer le réel. Le Surréalisme et le roman (publicado en una nueva edición ampliada en 2014). En 2002, también editó la antología de textos surrealistas, Il y aura une fois. Fue miembro destacado del consejo científico de la Asociación Atelier André Breton y ha contribuido a numerosas exposiciones clave de arte surrealista y de colecciones de manuscritos en el Centro Pompidou y la Biblioteca Nacional de Francia; además fue editora o coeditora de diversos volúmenes que exploran temas cruciales del estudio surrealista, como Du Surréalisme et du plaisir (1987); Jeu surréaliste et humour noir (1993); Lire le regard: André Breton et la peinture (1993); Violence, théorie, surréalisme (1994); Pensée mythique et surréalisme (1996), y Pensée de l’expérience, travail de l’expérimentation au sein des surréalismes et des avant-gardes… (2005). Como escritora, editora y pensadora, Jacqueline era tan infatigable como radiante, siempre atenta a las estructuras cristalinas de los conceptos y las genealogías con este brillo en sus ojos.

El interés de Jacqueline por lo insólito se reflejaba en sus amistades y conversaciones que, al igual que su escritura, eran amplias y persistentes en su llamada a la participación. Cada interacción, cada una de sus intervenciones académicas, originaba el comienzo de algo nuevo, iniciaba una exploración de los territorios desconocidos del pensamiento, de la historia intelectual y del surrealismo. La apertura de su espíritu y su presencia elegante y generosa permitió que el estudio del surrealismo se ampliara en muchas direcciones, gracias a las relaciones e interconexiones que ella creó.

A lo largo de los años, su apartamento en el nº 7 del Boulevard Voltaire de París se convirtió en lieu de rencontre para investigadores de todo el mundo, a los que invitaba a dialogar, intercambiar libros y hablar de sus proyectos, siempre con un sincero interés por escuchar nuevas ideas y conocer nuevas perspectivas. Ahora que ya no está entre nosotros, muchos recordarán la última vez que vieron a Jacqueline, el último mensaje que recibieron de ella, la última mirada de complicidad que intercambiaron o el último momento de gracia que compartieron con ella. Tales intimidades no requerían un rito de paso misterioso, sino que se ofrecían libremente; incluso ahora, son disponibles en sus palabras publicadas, en que su voz aún resuena. En recuerdo de estos momentos, celebramos la vida de una querida amiga y colega que para siempre permanecerá entre nosotros como una pensadora que nunca cesó de luchar por la causa del surrealismo. En el nombre de la ISSS nos despedimos de Jacqueline Chénieux-Gendron manteniendo su legado. Ella nos enseñó que el surrealismo es mucho más que un campo de estudio: una interrogación permanente guiada por el placer de la sorpresa, la abolición de la exclusión y la marginación y la búsqueda de nuevos comienzos.